Achetez local, brûlez local

Le déplacement du bois de chauffage menace l’environnement forestier de l’Î.-P.-É. Même si vous ne les voyez pas, les insectes ravageurs forestiers et les maladies peuvent facilement s’introduire dans le bois de chauffage. En transportant du bois de chauffage, l’on risque de déplacer des parasites forestiers et causer l’établissement de nouvelles populations causant des dommages à notre magnifique paysage de la forêt acadienne.

Si vous transportez du bois de chauffage, par exemple de votre demeure à votre chalet ou au terrain de camping, vous risquez de déplacer par inadvertance des parasites forestiers tels que l’agrile du frêne, la maladie hollandaise de l’orme ou l’orchestre du hêtre dans une nouvelle zone.

Lorsque vous avez besoin de bois de chauffage, pensez à :
  • Achetez le bois au lieu d’utilisation ou à l’endroit le plus près de celui-ci.
  • Si vous devez le déplacer, achetez du bois de chauffage certifié séché au four.
  • Avant de vous y rendre, prenez connaissance des règlements des parcs ou des terrains de camping concernant le bois de chauffage.
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L’agrile du frêne
(Agrilus Planipennis)

  • Location:
    Présence confirmée dans certaines zones du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, du Québec, de l’Ontario, et dans la capitale du Manitoba (en 2022).
  • Host:
    Les larves se développent sous l’écorce du frêne.
  • Impact:
    L’agrile tue 99 % des frênes. À l’Î.-P.-É., le frêne noir et le frêne blanc sont menacés. Saviez-vous que le frêne blanc était d’une grande importance culturelle pour les Micmacs?

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L’orchestre du hêtre
(Orchestes fagi)

  • Location:
    Présence confirmée à l’Î.-P.-É. et en Nouvelle-Écosse (en 2022).
  • Host:
    Les adultes hivernent sous l’écorce des arbres, sans égard à l’essence.
  • Impact:
    Il endommage le feuillage du hêtre qui meurt après plusieurs années de défoliation.

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La spongieuse
(Lymantria dispar dispar)

  • Location:
    Présence confirmée à l’Î.-P.-É., en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, au Québec et en Ontario (en 2022).
  • Host:
    Les femelles pondent leurs œufs sur diverses surfaces, y compris sur ou sous l’écorce d’arbres divers.
  • Impact:
    La spongieuse s’attaque à plus de 300 espèces d’arbres. Les chenilles causent une défoliation importante qui entraîne la mort de l’arbre.

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Le fulgore tacheté
(Lycorma delicatula)

  • Location:
    N’est pas tenu pour présent au Canada mais confirmé aux É.-U. (en janvier 2022).
  • Host:
    Les femelles déposent leurs œufs sur une grande variété de surfaces lisses y compris l’écorce.
  • Impact:
    Il se nourrit sur diverses plantes et son hôte favori est l’ailante glanduleux.

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Le longicorne asiatique
(Anoplophora glabripennis)

  • Location:
    Il a été repéré à deux reprises au Canada, mais on a réussi à l’éliminer chaque fois (en date de 2022).
  • Host:
    On trouve les œufs et les larves du longicorne asiatique dans une variété d’espèces à feuilles caduques, mais il préfère l’érable, le peuplier, le saule et l’orme.
  • Impact:
    Il peut provoquer la mort de son hôte et en réduire la qualité du bois d’œuvre.

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Le puceron lanigère de la pruche
(Adelges tsugae)

  • Location:
    Présence confirmée en Nouvelle-Écosse, en Ontario et en Colombie-Britannique.
  • Host:
    Il s’attaque à tous les types de pruche; à l'Î.-P.-É., c’est la pruche du Canada qui nous préoccupe.
  • Impact:
    Il aspire le liquide et les nutriments de la pruche à la base des aiguilles, provoquant la mort des hôtes infestés en dix ans en moyenne.

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La forêt acadienne

L'Île-du-Prince-Édouard fait partie de la zone de forêt appelée la forêt acadienne, qui constitue l’une des huit régions forestières du Canada. La forêt acadienne est située entre la forêt boréale et la forêt de feuillus au nord. Il s’agit d’une forêt mixte qui recense des espèces de ces deux forêts.

Aujourd’hui, le paysage forestier de l'Î.-P.-É. est dégradé et largement fragmenté comparativement à la période d’avant la colonisation. Une forêt fragmentée est une forêt séparée en parcelles qui ne sont pas interreliées. Bien que la fragmentation puisse parfois survenir naturellement, à l'Î.-P.-É. cette fragmentation est le résultat de l’activité humaine, par exemple, la construction de routes et d’habitations et l’agriculture. Ces petites parcelles de forêt comptent désormais une plus grande superficie d’habitat en lisière, ce qui expose les plantes dans ces endroits à des températures et à une luminosité plus élevées et à des conditions plus venteuses. Un tel changement dans les conditions provoque souvent le déplacement des espèces indigènes, et donne l’occasion aux espèces envahissantes de s’y établir. Les espèces envahissantes peuvent avoir de graves répercussions et un impact à long terme sur la santé de nos écosystèmes forestiers en réduisant la biodiversité, en modifiant les cycles aquatiques, en contribuant à des incendies de forêt et ultimement en modifiant la composition d’ensemble de la forêt.

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Les régions forestières du Canada (NRCan, 2012)

La forêt acadienne d’aujourd’hui

Aujourd’hui, la composition de la forêt de l'Î.-P.-É. est simplifiée, dominée par l’épinette blanche, le sapin baumier et l’épinette noire qui comptent pour 42,9 % des essences forestières. Les trois essences à feuilles caduques les plus communes sont l’érable, le bouleau gris et le peuplier faux-tremble, qui comptent pour 39,5 % des espèces à feuilles caduques. Collectivement, ces six espèces constituent 82,4 % de toutes les essences à l'Î.-P.-É. D’ici la fin du siècle, l’on s’attend à un déclin drastique d’une majorité de ces espèces à l'Î.-P.-É. à cause du changement climatique qui donne l’occasion aux espèces envahissantes de s’établir en prédominance.

La forêt acadienne d’avant la colonisation

À l'Î.-P.-É., la forêt acadienne d’avant la colonisation était composée d’une riche diversité de conifères et d’arbres à feuilles caduques dont la composition variait en fonction de l’emplacement (en zone sèche ou en basse terre). Les zones sèches étaient peuplées d’espèces telles le hêtre à grandes feuilles, l’érable à sucre, le bouleau jaune, l’épinette rouge, la pruche du Canada, le chêne rouge, le sapin baumier et l’épinette blanche. Les basses terres quant à elles se composaient d’essences telles l’érable rouge, l’épinette noire, le thuya occidental, l’orme d’Amérique, le frêne noir d’Amérique et le frêne blanc d’Amérique. Le tableau ci-dessous représente les essences communes qui composaient la forêt acadienne d’avant la colonisation à l'Î.-P.-É. (Tableau 1).

Tableau 1. Essences de la forêt acadienne d’avant la colonisation
Espèces de feuillus Espèces de résineux
Hêtre à grandes feuilles
(Fagus grandifolia)
Épinette rouge
(Picea rubens)
Érable à sucre
(Acer saccharum)
Épinette noire
(Picea mariana)
Érable rouge
(Acer rubrum)
Épinette blanche
(Picea glauca)
Érable de Pennsylvanie
(Acer pensylvanicum)
Thuya occidental
(Thuja occidentalis)
Bouleau jaune
(Betula alleghaniensis)
Pruche du Canada
(Tsuga canadensis)
Bouleau gris
(Betula populifolia)
Sapin baumier
(Abies balsamea)
Bouleau blanc
(Betula papyrifera)
Pin blanc
(Pinus strobus)
Noyer cendré
(Juglans cinereal)
Pin rouge
(Pinus resinosa)
Ostryer de Virginie
(Ostrya virginiana)
Pin gris
(Pinus banksiana)
Amélanchier
(Amelanchier Spp.)
Mélèze laricin
(Larix laricina)
Chêne rouge
(Quercus rubra)
Frêne blanc d’Amérique
(Fraxinus americana)
Frêne noir d’Amérique
(Fraxinus nigra)
Orme d’Amérique
(Ulmus americana)
Peuplier à grandes dents
(Populus grandidentata)
Peuplier faux-tremble
(Populus tremuloides)
* Ce tableau est tiré de recherches par MacQuarrie et Lacroix (2003), Simpson (2015), Noseworthy et Beckley (2020).

La dégradation de la forêt acadienne est telle que le Fonds mondial pour la nature a désigné cette région forestière comme un habitat en danger.

Essences qui sont à risque à l'Î.-P.-É.

Frêne noir d’Amérique
en péril
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Ostryer de Virginie
gravement en péril
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Pin rouge
en péril
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Pruche du Canada
vulnérable
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Thuya occidental
vulnérable
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Visitez MacPhail Woods – Ecological Forestry Projects pour en savoir plus

*la présente information est tirée du Centre de données sur la conservation du Canada atlantique. Le Centre tient des registres provinciaux des espèces de la faune et de la flore de la région atlantique : http://www.accdc.com/en/ranks.html

Pour de plus amples renseignements :
  • PWI Forestry, Fish and Wildlife (2013) State of the Forest Report 2010.
    https://www.princeedwardisland.ca/sites/default/files/publications/2010_state_of_the_forest_report_0.pdf
  • MacQuarrie, K., & Lacroix, C. (2003). The upland hardwood component of Prince Edward Island's remnant Acadian forest: determination of depth of edge and patterns of exotic plant invasion. Canadian Journal of Botany, 81(11), 1113-1128
  • Morrison, A., Sweeney, J., Hughes, C., & Johns, R. C. (2017). Hitching a ride: firewood as a potential pathway for range expansion of an exotic beech leaf-mining weevil, Orchestes fagi (Coleoptera: Curculionidae). The Canadian Entomologist, 149(1), 129-137.
  • Noseworthy, J., & Beckley, T. M. (2020). Borealization of the New England - Acadian Forest: A review of the evidence. Environmental Reviews, 28(3), 284-293.
  • Simpson, J., 2015. Restoring The Acadian Forest. 2nd ed. Halifax: Nimbus Publishing.
  • With, K. A. (2002). The landscape ecology of invasive spread. Conservation Biology, 16(5), 1192-1203.